Nous voilà dans l’avion, nous survolons le continent américain, nous nous éloignons de Maui.
Cette île va redevenir une destination lointaine, celle d’un grand rêve, avant, et d’un de mes meilleurs souvenirs sportifs, maintenant.
Je termine deuxième amateur de ces championnats du monde de XTerra, et deuxième de ma catégorie d’âge, 35-39 ans.
Pour permettre de mesurer la valeur de cette performance, il faut peut-être revenir en arrière.
Repenser à chaque fin Octobre, où nous veillions pour suivre cette course et se dire que notre expérience XTerra ne sera complète qu’en allant un jour là-bas.
S’imaginer quelques mois avant, loin du triathlon, à faire un autre chemin personnel, et se dire que revenir à la compétition me permettrait de me reconnecter avec une partie de moi-même et tellement de gens que j’apprécie, tellement de personnes à rencontrer et d’expériences à vivre encore.
Retrouver la vraie envie de revenir sur un XTerra, s'y sentir toute petite, apprécier chaque retrouvailles, reprendre ses marques.
Sur un coup de tête, se dire que si j’arrive à obtenir une qualification sur un des derniers XTerra de la saison, cette année, je saisirais l'occasion d'aller aux mondiaux à Maui.
Commencer à en parler à David, lui dire que ma décision est prise, qu’importe le prix.
Obtenir tout juste cette qualification, à l’issue de mon premier vrai XTerra, celui du Luxembourg, après une course où j’en aurais vraiment bavé, dans l’eau, sur le vélo.
Y croire encore davantage car on sera une équipe de 5 pour ce voyagen 5 personnes avec qui le feeling est excellent.
Reprendre un carnet d’entrainement, faire le bilan, planifier, retrouver goût à la préparation d’un objectif, se remémorer toutes les connaissances accumulées au cour des années.
Attendre patiemment que les sensations s’améliorent, retrouver un peu de force, de vitesse. Se dire que ça sera juste, mais je devrais être prête le jour J.
En parler autour de moi.
Voir que la plupart des gens trouve ça fou : aller de l’autre côté du globe, faire un championnat du monde, alors que je ne courrais plus... ambitieux, limite inconsidéré.
Mais retrouver tous ceux qui connaissent mon parcours et savent qu’après ces derniers mois, j’ai une revanche à prendre et je sais me préparer pour les grands jours. Les voir m’encourager, me suivre, m’aider...les associer à ce projet pour être plus forte, pour leur transmettre un peu de cette énergie aussi.
2 semaines avant, insister auprès de David sur le fait que je vise une performance, que je souhaite vraiment remettre en état mon VTT Open, ce semi-rigide 29’’ que j’aimais tant. Rouler avec seulement 2 fois avant le départ mais se dire que waouh, ce vélo m’apporte toujours des sensations terribles et est ultra-performant.
Se retrouver à quelques jours du départ et se dire : ça y est, vous allez vraiment partir... avoir confiance, se dire que cette fois, le karma est bon. C’est le bon moment pour réaliser ce rêve.
Ouvrir les guides de voyage, regarder des reportages, réaliser qu'on va découvrir un endroit magnifique et mythique.
Puis, un froid matin d’Octobre, s’envoler pour une destination lointaine. Découvrir l'Amérique, les Etats-unis. Quitter ce continent pour une île au milieu de l’océan pacifique.
Se dire que l’on est quelque part où beaucoup rêveront d’aller, mais n’iront jamais. Paradis des surfeurs, lieu de tranquillité, culture polynésienne, nature luxuriante.
La veille de la course, mes sensations étaient au top. Mais les vagues sur la plage étaient importantes, mon expérience du milieu trop faible, et au retour de la natation, je me suis fait sévèrement brasser par les « shore breaks ». J’ai été anéantie par la peur de ces vagues. J’en ai beaucoup parlé et j’ai tâché de me ressaisir mentalement pour ne pas perdre de l’énergie et éviter de passer une mauvaise nuit.
J’ai fait tout un parcours de préparation mentale ces dernières semaines, j’en ai ressenti les bénéfices à ce moment-là.
J’ai fait tout un parcours de préparation mentale ces dernières semaines, j’en ai ressenti les bénéfices à ce moment-là.
Le matin de la course, la confiance est revenue. J’avais envie avant tout de m’amuser et je savais que je ne serais sans doute pas championne du monde. Sans doute difficilement dans les 5 premières à l’arrivée.
Nous avons eu des conditions parfaites : pluie au départ pour rendre le terrain un peu plus technique à VTT et rafraichir l'atmosphère, vagues pas très hautes, nuages pour rafraîchir un peu cette atmosphère tropicale.
En attendant le coup de sifflet, je suis concentrée sur moi-même. Loin d'être spécialiste en natation, mais je veux être devant.
Dès les premiers 300 mètres, je peux voir toutes les filles autour, il y a vraiment du monde, c'est difficile de s'imaginer faire un podium à ce moment là car je suis loin de pouvoir suivre les premières.
Mais mes sensations sont bonnes. Premiers 750m bien rapides, puis après la sortie à l'australienne, je décide de nager un peu plus souple jusqu'à la bouée, puis en remettre une pour revenir à la plage, histoire de garder mes esprits à vélo. J'ai pris beaucoup de plaisir à nager, même si je ne fais que le 60ème temps chez les filles (pros comprises).
Le VTT sera comme souvent pour moi une « remontée de l'impossible ».
Il y a beaucoup de monde mais je remonte inlassablement, double dans les sentiers prudemment, mais tout le monde est courtois, tout se passe bien. Ca glisse pas mal sur les racines et par endroit, pas mal de chutes autour de moi, mais je suis dans un bon jour et maîtrise.
Aucune erreur de pilotage, de la vitesse, je suis vraiment bien et surtout, je m'éclate ! Le parcours paraissait facile à la reco mais il est très usant.
Des concurrents m'encouragent, m'indiquent que la tchèque n'est pas très loin, je suis deuxième. Fin du vélo, je ne l'ai pas reprise et comprends que je resterais deuxième, sauf coup de chance, car je sais que c'est une bonne coureuse.
Copyright : Xterra |
J'entame la course à pied, les jambes sont dures et ça monte direct. Le cardio monte très vite aussi, j'ai eu les premiers symptômes de surchauffe en VTT - envie de boire de l'eau gazeuse fraiche - alors que j'ai vraiment bien géré avant et pendant la course, donc j'utilise mon avance pour fractionner les ascensions. Autour de moi, les gars marchent beaucoup aussi, on est tous très entamés. Le fait d'avoir une bonne technique en course à pied et de l'entraînement permet juste de limiter la casse, mais on est loin du beau geste !
Je commence à penser un peu plus, alors que j'avais été concentrée jusqu'alors. Je tiens bon, me disant que si je n'apprécie pas être là, plus tôt je serais à l'arrivée, plus vite ça sera terminé ;) Je me tiens aux trois mantras que je m'étais donné avant la course : "lifechampion" (merci Becci, qui me permet de relativiser sur l'importance du résultat ici), "la tâche" (fais-je tout en ce moment-même pour être au mieux ?), "Maui" (pour ne pas oublier que je suis dans un contexte exceptionnel, dont j'ai beaucoup rêvé).
Les ravitos sont tous les 2km et c'est une bénédiction. Eau fraîche, je m'arrose généreusement et petit à petit, me refais la cerise.
La fin de la course à pied sera bien meilleure.
Arrivée sur la plage, je me dis "tiens toi droite quand même, bon sang, vice championne du monde quoi !". J'ai bien fait car on me filmait ;)
Je ne peux même pas exulter à l'arrivée, ni vraiment réaliser, car j'ai été dans une telle bulle pour passer cette course à pied, je suis si fatiguée, qu'il me faut un moment pour émerger.
On retrouve la bonne ambiance XTerra. Les à-côtés sont tellement importants sur cet évènement, la course paraît presque anecdotique.
"Don't forget to respect each other, you are a tribe", que l'on nous a dit au départ. On sent vraiment cet état d'esprit ici.
Le site de la course copyright : Xterra |
Nous étions très nombreuses au départ, je termine deuxième pour ce retour, wahou...
Merci à David d'avoir construit, à nouveau, ce succès avec moi...
Merci Asterion, mon fournisseur de roues haut-de-gamme made in Lyon, qui m'a permis d'avoir un vélo si performant sur la base de mon vélo Open que j'avais eu pour la Cape Epic en 2015. Je ne revendrais jamais ce vélo, trop vécu de bons moments avec ;)
Merci tous les copains , Céline, Nathalie, Guillaume, de notre « team Reese's », sans qui l’aventure n’aurait pas été si belle et les souvenirs moins riches.
Notre fine équipe |
Merci à tous ceux qui m’ont félicitée, même tous ces inconnus croisés sur l’île après la course après un « You guys did this Xterra !?! Awesome... »
Nous allons refermer la parenthèse et laisser décanter tout ça pour savoir de quoi 2020 sera fait au niveau sportif.
Nous revenons rechargés en énergie, l’énergie de cette nature riche, sauvage et puissante, entre jungle, déserts volcaniques, océan et vagues.
Ma mention spéciale pour Hana, ce village de bout du monde, la vraie culture de l’île, que l'on a longtemps regardé d’en haut pour notre au revoir à Maui en avion...
Moments magiques en snorkeling |
L’énergie de tous ces sourires partagés durant 10 jours. « A Hawaï, tu ne peux être que relax », m’avait-on dit dans l’avion à l’aller. C’était tellement vrai...
Aloha tout le monde !
La vidéo d'après course...