A l'arrivée, avec la légende Jose Antonio Hermida et Rudy Van Houts |
Les faits, pour résumer :
- 8 jours de course,
- 738 kms parcourus d'est en ouest au-dessus de la région du Cap
- 39h45 d'effort pour nous en 8 jours
- 16000m de D+
- 600 équipes engagées, 87% arriveront à terme
- 75 équipes mixtes
- 3 camps établis dans des régions différentes avec 2000 tentes plantées pour les coureurs, médias, organisation
- plusieurs bike-parks parcourus, des singletracks de rêve !
Et pour nous :
-3ème du classement mixte, derrière les duos Ivonne Kraft - Peter Vesel / Catherine Williamson - Nizaam Esa, des références en terme de course longue distance et habitués de la Cape Epic
- 74 ème au général
- 5 places de 3ème, deux de quatrième, une de cinquième sur les étapes
- Zéro bobo
- Zéro grosse chute, petits chutes bénignes au ralenti pour moi (rouler dans le sable, ça s'apprend !)
- Notre matériel 100% fiable et résistant ! Nous avons eu à déplorer un seul problème mécanique dû à un gros choc pas amorti dans une descente, qui aurait pu nous coûter une très grosse chute. Nous roulions en groupe et malheureusement, la tête du groupe n'a pas prévenu du danger...
Sans oublier beaucoup de "fun" grâce aux gens autour de nous |
Cette course à étape se courrait en équipe de deux. Nous l'avons fait en équipe mixte, c'est d'ailleurs mon coéquipier, Jeff, qui est à l'origine de cette aventure. Lui l'avait déjà terminé 5 fois en équipe masculine, avec différents partenaires. Pour cette sixième édition, il souhaitait vivre l'aventure différemment, en compagnie d'une femme, pour être davantage à l'aide de sa coéquipière et voir comment une "Newbie" réagissait par rapport à un tel défi.
Notre sport individualiste a pris une autre dimension pour moi sur cette course grâce à cette formation en duo imposée. Il ne s'agit pas d'arriver en même temps, point. Il s'agit vraiment d'arriver à être plus fort à deux, que l'on soit en bataille pour un podium, ou que l'on soit en grande difficulté, une heure, un jour, ou plusieurs.
Notre duo de choc ! |
J'ai eu la chance de pouvoir rouler la plupart des étapes en compagnie des équipes filles qui jouaient le podium et ai pu donc apprendre beaucoup de cette course en leur compagnie. Leur rythme m'allait bien, il n'y avait jamais d'à-coup, et c'est vraiment de cette façon que cette course se gère, dès les premiers kilomètres du premier jour. Je connaissais certaines filles du fait de leur palmarès étoffé, avec des titres de championnes du monde, championne olympique, top 5 mondial ou autre. Ce fût pour moi un vrai privilège de pouvoir faire des kilomètres en leur compagnie et surtout, de les voir aussi ouverte et prête à aider leur partenaires, voire même quelqu'un comme moi qui roulait en leur compagnie. J'ai été beaucoup encouragée par Gunn-rita Dahle, notre légende du VTT, et aussi Esther Süss, top 5 mondial en XC Olympique et longue distance, et experte sur cette Cape Epic. Quand quelqu'un comme elle vous encourage et vous laisse passer à l'entame d'une longue descente (sans même rien demander), on se sent vraiment pousser des ailes !
D'autres filles, bien contentes de pouvoir profiter de la roue de mon coéquipier, m'auront aussi parfois aider en me poussant pour me remettre dans les roues, le genre de comportement que je ne me souviens pas avoir beaucoup vu auparavant.
Notre ultime arrivée ! |
Nous avons tous conscience que notre but, c'est de voir cette ligne d'arrivée au bout des 8 étapes, et que le pire serait de ne pas pouvoir y arriver. Beaucoup de dangers et d'embûches peuvent se trouver sur notre chemin (chute, casse de matériel, maladie) et nous savons que jusqu'au bout, rien n'est fait. Je pense que c'est pour cela aussi que tout le monde s'encourage autant. Voir quelqu'un devoir abandonner ou baisser les bras (rare) nous fait vraiment de la peine. C'est sans doute pour cela aussi que nous sommes tous prêts à nous encourager ou nous entraider. Moi particulièrement par rapport à d'autres féminines, parce que je dois dire qu'à notre niveau de course (entre 50-100 sur 600 équipes)), les hommes auront trop souvent été moins sympathiques avec nous, nous "attaquant" souvent pour nous distancer, ce qui n'était pas forcément la meilleure tactique sur cette course. Nous aurons en tout cas beaucoup ri de toutes les manigances que nous aurons pu voir !
D'un côté plus personnel, cette course fût une révélation pour moi car je n'aurais pas pensé être autant en forme sur ces 8 jours. Je savais que les paramètres étaient bons : j'avais une bonne récupération depuis que je pratique le triathlon, plus de motivation pour le VTT que je pratique un peu moins, un meilleur mental aussi et une meilleure gestion de course grâce au triathlon, qui pour moi est plus exigeant que le VTT. A vélo, on peut toujours lever le pied et prendre un faux-rythme. En triathlon, lorsqu'on termine par de la course à pied, impossible, sinon c'est le risque de flancher et être complètement arrêté. On doit toujours penser à cette course à pied finale et gérer ses efforts en fonction de cela. Du moins, c'est comme cela que je gère mes courses.
Je me sentais donc plutôt confiante, même si le kilométrage me paraissait énorme et que cela me faisait tout de même bien peur. Dès le premier jour, j'ai donc dis à Jeff : on ne parle ni de classement, ni de kilométrage (sauf pour m’annoncer les 10 derniers, à la limite !), pour ne penser qu'à la gestion de l'effort et la régularité, qui pour moi seraient vraiment les éléments à maîtriser pour arriver au bout avec le meilleur classement possible à la clé.
Le fait d'arriver toujours très proches des équipes mixtes en 2ème, 3ème ou 4ème position nous aura tout de même donné un petit stress en plus, qui a été évacué à l'arrivée du "King stage" le vendredi, où les écarts étaient devenus importants entre toutes les équipes et le classement final presque fixé. Cette étape de 117kms aura été vraiment dure, mais la longue ascension difficile dans des paysages magnifiques jusqu'au col pour redescendre ensuite sur Worcester aura été une étape symbolique à nos yeux dans cette semaine. Pour nous, la suite de la course, c'était toujours gérer, mais aussi davantage profiter avec moins de pression. L'étape du samedi, avec ces paysages multicolores, les traversées de propriétés viticoles, les singletracks de rêve, parfois fluides et faciles, parfois vraiment très rocailleux, aura été un grand souvenir.
Diversité des paysages sud-africains |
Ce qui m'a le plus étonnée est que la motivation n'a pas baissé au fur et à mesure des jours, au contraire : on se sent pris dans une routine et on pourrait continuer comme cela encore une semaine, sans problème. Le plus dur pour moi aura été les réveils à 5h, le manque d'appétit le matin... Difficile dans ces moments là de se dire que l'on repart, encore plus de se dire que nous allons viser une performance. Tous les matins, je disais "bon, on a bien roulé hier, aujourd'hui, on la fait tranquille !". Mais une fois le soleil levé et une fois dans la course, toujours bien placés, la motivation était là et finalement, nous n'étions jamais trop sur la réserve.
Aprems décompressions (pour peu que l'on n'arrive pas tard !) |
L'organisation était plus que parfaite, jamais nous n'avons eu à nous plaindre ou à râler...pourtant, avec la fatigue, cela aurait pu être facile ! Nous avions tout le confort, malgré le fait de vivre en camp. Nourriture, boissons, endroits à l'ombre pour s'allonger et se reposer, internet, laverie pour le linge, service pour les réparations de matériel, massages, récupération et lavage des vélos par des bénévoles dès notre arrivée...tout était prévu. Les gens étaient toujours prêts à rendre service, toujours avec le sourire et les encouragements...même si l'organisation était très pro et l’événement, un des plus grands pour le VTT, nous n'avons jamais perçu de favoritisme pour les élites. En tant qu'amateur, nous avons été vraiment choyés et pris en compte.
Un de nos camps de base, à Worcester |
La question que tout le monde nous aura posé est : comment revenir les pieds sur terre après une telle aventure !? C'est vrai qu'après le passage de la ligne d'arrivée, nous nous mettons en pilote automatique. La fatigue nous tombe dessus et ranger nos affaires et respecter un timing commence à devenir difficile. Nous retrouvons aussi le confort d'un hôtel, la civilisation, les lieux où nous étions 8 jours avant. Puis c'est le départ, le retour en avion, le retour à la maison. Tout paraît étrange, y compris la première fois que nous remontons chez nous sur notre vélo. On a l'impression d'avoir vraiment été ailleurs pendant une dizaine de jours. C'est une parenthèse exceptionnelle qui nous aura marqué.
Vivre cela à mon âge, en travaillant et pensant petit à petit à d'autres orientations dans ma vie m'aura donné le sentiment d'avoir toujours 20 ans...comme un peu tout ce que je vis à travers le sport d'ailleurs. Cela ouvre l'esprit, agrandit l'horizon et donne plus d'espoir encore pour l'avenir. Ce dont nous avons tous besoin en ces moments où l'ambiance autour de nous est parfois bien morose. Un petit détail qui compte pour pouvoir vivre pleinement une telle expérience, c'est posséder un bon niveau en anglais. Ce qui ne s'apprend pas forcément qu'à l'école, il y a beaucoup de façon ludique d'apprendre, grâce à la télé, internet... J'ai toujours beaucoup apprécié les langues étrangères, sans y trouver toujours l'utilité dans ma vie pendant longtemps, mais pour de telles expériences, c'est un pré-requis !
Nous avons beaucoup communiqué autour de cette aventure, sur les réseaux sociaux en particulier, la course étant vraiment très médiatisée. Jamais je n'avais eu autant de retours émouvants : les amis connectés pendant 6h à suivre notre traking et les live sur internet, les élèves de mes parents qui ont été surpris d'apprendre que leurs profs avaient une fille qui faisait cette aventure, les collègues qui ont appris par cette course qu'ils travaillaient tous les jours avec une sportive, la petite fille de mon cousin qui redemandait à revoir la vidéo de "vélo avec Coralie et les lions", les stewards dans l'avion à notre retour qui nous demandent si on a fait la Cape et nous applaudissent... et j'en passe...
On arrive parfois à vivre des choses que l'on n'aurait pas imaginé ou rêvé en étant plus jeune. Il suffit de laisser la passion nous guider et se donner les moyens de s'investir dans ce qui nous plaît le plus et les choses se construisent petit à petit, au fil des années.
Cet hiver, j'ai un moment douté car l'entraînement était difficile ici, du fait des conditions hivernales. Mais on oublie très vite ces difficultés. Arrivé à Cape Town, c'était déjà du passé et je me disais déjà que ça valait le coup ! Je ne peux que conseiller aux passionnés de VTT et d'aventure de se donner les moyens de participer à cette course qui ne ressemble à aucune autre. Qu'importe les sacrifices, c'est une aventure qui marque et c'est cela qui compte. D'un point de vue purement VTT, j'ai fait les plus beaux parcours de ma vie. Des runs sur des singletracks interminables...incroyables ! Rien que pour cela, je conseille à tout le monde de faire cette course, ou d'aller visiter l'Afrique du sud et les nombreux bike-parks des domaines viticoles autour de Oak Valley, Wellington, Worcester...
En pilote automatique :) |
Voilà donc deux semaines que nous avons franchi la ligne d'arrivée, la fatigue s'est estompée, mon estomac commence à moins réclamer et petit à petit, je commence à penser à la suite, en ayant repris le sport par de petites séances de natation, VTT, course à pied dès la semaine dernière (j'avais quasiment coupé pendant 8 jours, en ne faisant qu'une petite séance de natation et de la marche pendant cette période).
Le reste de la saison sera d'abord orientée vers du VTT X-country, pour refaire un peu de rythme et passer du temps avec mon club/team de Giromagny, en participant aux manches de coupe de France de St Pompon en Dordogne, puis Plouec-sur-lié en Bretagne en Avril-Mai.
Ensuite, l'objectif sera le XTerra France début Juillet. Je participerais en préparation aussi au triathlon XL (half-ironman) d'Obernai début Juin, ou celui de Belfort...il faut que je me décide vite :)
Je ne ferais sans doute qu'un autre XTerra, celui d'Italie. Au mois d'Août, je participerais probablement à la Trans-Vanoise, la "Transmaurienne" qui émigrera vers la Vanoise, pour refaire une course VTT par étape dans les Alpes.
Puis mon deuxième objectif cette saison sera le triathlon XL de Gerardmer début Septembre. J'aurais un peu de temps ensuite pour m'en remettre et viser le dernier objectif, qui sera le Roc Marathon à VTT.
(note écrite en 2024 : j'ai réalisé mes meilleurs résultats sur toutes ces course : victoire au triathlon XL d'Obernai, 4ème élite au Xterra France, victoire sur la trasmaurienne, 3ème au Roc Marathon)
Bref, un peu plus de VTT que la saison précédente, mais toujours pas mal de triathlon, avec un peu plus de longue distance. L'objectif ne sera pas de courir après des titres cette saison, mais de participer à de belles épreuves, avec si possible un niveau international, et passer de bons moments.
Il est vrai qu'après une si belle expérience et un si beau résultat, la pression retombe un peu, la confiance est un peu plus grande...les conditions cette année semblent bonnes pour vivre une belle saison ! "Fingers crossed", comme ils disent du côté de Cape town !
Merci encore à Jeff pour avoir été le moteur de cette belle expérience, et tous nos partenaires qui nous ont permis d'être au top : OPEN, Kappius Components, Rotor, Hope, Sr Suntour, Veinoplus, Kony, Dulight.fr et les magazines qui nous ont fait confiance pour la rédaction de nos articles, où vous retrouverez certains articles que je rédige actuellement : Vojo Mag (l'article à lire et regarder absolument), Velo Tout Terrain.
Et tous ceux qui nous aurons encouragés et aidés ! Trop nombreux pour être cités :)
Et en bonus, la vidéo perso souvenir de cette expérience ici : Objectif Cape Epic
Bref, un peu plus de VTT que la saison précédente, mais toujours pas mal de triathlon, avec un peu plus de longue distance. L'objectif ne sera pas de courir après des titres cette saison, mais de participer à de belles épreuves, avec si possible un niveau international, et passer de bons moments.
Il est vrai qu'après une si belle expérience et un si beau résultat, la pression retombe un peu, la confiance est un peu plus grande...les conditions cette année semblent bonnes pour vivre une belle saison ! "Fingers crossed", comme ils disent du côté de Cape town !
Merci encore à Jeff pour avoir été le moteur de cette belle expérience, et tous nos partenaires qui nous ont permis d'être au top : OPEN, Kappius Components, Rotor, Hope, Sr Suntour, Veinoplus, Kony, Dulight.fr et les magazines qui nous ont fait confiance pour la rédaction de nos articles, où vous retrouverez certains articles que je rédige actuellement : Vojo Mag (l'article à lire et regarder absolument), Velo Tout Terrain.
Et tous ceux qui nous aurons encouragés et aidés ! Trop nombreux pour être cités :)
Et en bonus, la vidéo perso souvenir de cette expérience ici : Objectif Cape Epic